samedi 1 janvier 2011

L'INÉLUCTABLE EFFONDREMENT D'ISRAËL EN PALESTINE

Par Francis A. Boyle
samedi 18 décembre 2010, par : Rédaction Enfants de (la) Palestine,
Le 15 Novembre 1988, le Conseil national palestinien (CNP), réuni à Alger a proclamé la Déclaration d'indépendance qui a créé l'Etat indépendant de Palestine. Aujourd'hui, l'Etat de Palestine est bilatéralement reconnu de jure par environ 130 Etats. La Palestine a de facto une reconnaissance diplomatique de la plupart des pays de l'Europe.
Les Etats Unis exerce une très forte pression politique sur eux pour les dissuader de reconnaitre de jure la Palestine. Celle-ci est membre de la Ligue des États arabes et de l'Organisation de la Conférence islamique.
Lorsque la Cour internationale de Justice de La Haye, qui est la Cour de justice de l'Organisation des Nations Unies, a instruit l'action en justice concernant la construction par Israël du mur de l'apartheid en Cisjordanie, elle a invité l'Etat de Palestine à participer à la procédure. Autrement dit, la Cour internationale de justice reconnaît l'Etat de Palestine.
La Palestine a le statut d'État observateur auprès de l'Organisation des Nations Unies et, en fait, jouit de tous les droits d'un État membre de l'ONU à l'exception du droit de vote. Elle est membre de facto de l'ONU. Le seul obstacle qui l'empêche d'être reconnue membre de jure de l'ONU est la menace implicite des Etats Unis d'utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité, ce qui est clairement illégal. Un jour, la Palestine deviendra membre à part entière de l'ONU. Du point de vue international enfin, la Déclaration palestinienne d'indépendance de 1988 a créé une opportunité remarquable pour la paix avec Israël car le Conseil National Palestinien (CNP) y a explicitement accepté la partition de l'ONU de 1947 (résolution 181 de l'Assemblée Générale), qui appelait à la création d'un Etat juif et d'un Etat arabe dans le Mandat de la Palestine, avec une tutelle internationale pour la ville de Jérusalem, afin de résoudre le conflit de base.
En dépit de l'injustice historique infligée au peuple arabe palestinien, de leur dispersion et de la privation de leur droit à l'autodétermination résultant de la dite résolution 181, qui partage la Palestine en deux Etats, l'un arabe, l'autre juif, c'est cependant, cette résolution qui fournit encore les conditions de la légitimité internationale et qui garantit le droit du peuple palestinien à la souveraineté et à l'indépendance nationale.
Il ne faut pas sous-estimer la signification de la décision du CNP d'accepter la résolution de partition de la Palestine, dans la Déclaration d'indépendance. Auparavant, du point de vue du peuple palestinien, la résolution sur la partition avait été considérée comme un acte criminel perpétré contre le peuple palestinien par l'Organisation des Nations Unies, en violation flagrante de leur droit fondamental à l'autodétermination tel que reconnu par la Charte des Nations Unies et aux principes généraux du droit public international. L'acceptation de la résolution de partage dans la Déclaration d'indépendance actuelle a marqué la ferme volonté du peuple palestinien à transcender les cent dernières années de conflit acharné avec le peuple juif vivant illégalement dans leur milieu, afin de parvenir à un compromis historique sur la base d'une solution à deux Etats.
Le fait même que l'acceptation de la partition (résolution 181) ait été annoncée dans la Déclaration d'indépendance prouve la sincérité avec laquelle le peuple palestinien a accepté Israël. La Déclaration d'Indépendance est le document fondamental de l'Etat de Palestine, ayant un caractère déterminant, définitif et irréversible. Comme le CNP l'a clairement déclaré à l'époque, la Déclaration d'indépendance ne peut être ni amendée, ni marchandée.
Néanmoins, les Palestiniens ont vainement passé les vingt-deux dernières années à essayer de négocier de bonne foi avec Israël la solution à deux Etats énoncées dans la Résolution 181. Ils n'ont absolument rien obtenu.
Israël n'a jamais fait preuve d'un iota de bonne foi dans ces négociations avec les Palestiniens pour un règlement de paix global au Moyen-Orient, sur la base d'une solution à deux Etats. Même l'accord d'Oslo de 1993 n'a rien été de plus qu'un arrangement intérimaire, de rédaction israélienne, pour un bantoustan de cinq ans, qui a été rejeté à Washington, DC, par la délégation palestinienne aux négociations de paix sur le Moyen-Orient, pour cette raison précise. Israël et les Etats-Unis veulent maintenant rendre permanent le bantoustan d'Oslo et, ainsi, abolir le droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers, tel qu'exigé par l'Assemblée générale des Nations Unies (Résolution 194 de 1948) et par les principes généraux du droit public international.
À cet égard, j'ai appelé, peu avant sa mort le 24 Septembre 2007, l'ancien chef de la délégation palestinienne aux négociations de paix sur le Moyen Orient, le Dr Haidar Abdul Shaffi à son domicile de Gaza, afin d'examiner la situation avec lui. Selon le Dr Haidar : " Les sionistes n'ont pas changé leurs objectifs depuis la Conférence de Bâle de 1897 ! " En d'autres termes, les sionistes veulent toujours établir le "grand" Israël sur l'ensemble du Mandat de la Palestine avec autant de nettoyage ethnique de Palestiniens hors de Palestine qu'il est possible aux sionistes d'obtenir sur le plan international.
Après vingt-deux ans de surplace, avec comme seuls résultats le mur de l'apartheid d'Israël vissé en Cisjordanie et l'étranglement de la bande de Gaza, il est maintenant temps pour les Palestiniens d'adopter une nouvelle stratégie, que je recommande respectueusement ici de suivre : Ne signez rien et laissez Israël s'effondrer ! Récemment, la Central Intelligence Agency - CIA - des Etats Unis a prédit l'effondrement d'Israël dans les vingt prochaines années. Mon conseil le plus respectueux aux Palestiniens est de laisser Israël s'effondrer !
Pour les Palestiniens, signer n'importe quel type de traité de paix globale avec Israël ne peut que consolider celui-ci et garantir l'existence du sionisme et des sionistes en Palestine pour toujours. Pourquoi les Palestiniens veulent-ils faire cela ? Sans l'approbation écrite des Palestiniens, le sionisme et Israël s'effondreront en Palestine. Les Palestiniens ne doivent donc signer aucun traité de paix avec Israël, mais doivent maintenir la pression sur lui pour que le sionisme s'effondre au cours des deux prochaines décennies, comme prévu par la CIA. L'analogie historique correcte n'est pas ici l'apartheid en Afrique du Sud, mais plutôt la Yougoslavie génocidaire qui s'est effondrée comme État, a perdu son siège à l'ONU, et n'existe plus en tant qu'Etat pour cette même raison.
Toutes les forces démographiques sont en faveur des Palestiniens et contre les sionistes. Le gouvernement des États-Unis est fatigué de donner un blanc seing à Israël parce que cette politique porte gravement atteinte à l'objectif impérial de l'Amérique qui est d'obtenir de gré ou de force le pétrole et le gaz situés dans le sous-sol des Etats arabes et musulmans.
Israël est empêtré et paralysé par une multitude de contradictions internes et de conflits, trop nombreux pour être énumérés ici.
En effet, dès le moment de sa création, conséquence directe du génocide sioniste d'al Nakba en 1948, Israël est l'Etat à l'échec proverbial et il l'est encore aujourd'hui. Israël n'aurait jamais vu le jour sans le soutien, tout au long du XXe siècle, des puissances coloniales et impériales occidentales. Et c'est la même chose aujourd'hui. Sans le soutien politique, économique, diplomatique et militaire fourni principalement par les États-Unis, et dans une moindre mesure par la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, Israël se serait immédiatement effondré. La campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël est entrain de grignoter rapidement le soutien local d'Israël dans ces pays. Les atrocités barbares en série perpétrées par Israël contre les Palestiniens et les Libanais ont révélé le vrai visage du sionisme dans le monde entier à savoir : le génocide.
En fait, Israël n'a jamais été un Etat, mais seulement une armée se faisant passer pour un État - Un village Potemkine d'un État. Israël est l'archétype de la Grande Bande de Voleurs décrite par Saint Augustin dans le Livre 4, Chapitre 4 de La Cité de Dieu : "Des Royaumes sans justice sont pareils à des barons voleurs".
Et si la justice est exclue, que sont les royaumes d'autres que de grandes bandes de brigands ? A quoi servent les bandes de brigands, si ce n'est aux petits royaumes ? La bande est aussi un groupe d'hommes régi par les ordres d'un chef, lié par contrat social, et son butin est distribué selon une loi convenue. Si des hommes désespérés le rejoignent sans cesse, ce fléau se développe au point de détenir un territoire et de s'établir dans un lieu fixe, il s'empare des cités et subordonne des peuples, alors, de manière ostensible, il prend le nom de royaume, et ce nom lui est dès lors ouvertement accordé, non par défaut de cupidité, mais par cumul d'impunité ....
Toutes les forces politiques, économiques, militaires, diplomatiques, sociologiques, psychologiques et démographiques jouent en faveur des Palestiniens et contre Israël et les sionistes en Palestine. Il faudra aux Palestiniens encore quelques années pour prédominer et ensuite pour prévaloir. Mais l'écriture proverbiale est à voir sur le mur pour l'Entreprise Sioniste en Palestine, pour le Monde entier, y compris et spécialement la CIA. Déjà, un grand nombre de sionistes vivant en Israël ont déjà préparé leurs parachutes, leurs plans de sortie et les zones d'atterrissage où aller ailleurs dans le monde. Les Palestiniens n'ont aucune raison de donner aux sionistes un nouveau bail pour vivre en Palestine, en signant un quelconque traité de paix avec Israël.
Il est évident que le sionisme entrera bientôt dans " l'ashcan" de Trotsky (poubelle) de l'histoire avec tous les autres « national » en "isme" qui ont frappé l'humanité au cours du XXe siècle : le nazisme, le fascisme, le franquisme, le phalangisme, le stalinisme, le maoïsme, etc.. La seule chose qui pourrait sauver le sionisme en Palestine serait que les Palestiniens concluent un soi-disant traité de paix global au Moyen-Orient avec Israël. C'est précisément pour cette raison, que les Palestiniens ne doivent rien signer et laisser Israël s'écrouler sous son propre poids au cours des deux prochaines décennies.
Des millions de Palestiniens ont attendu dans les camps de réfugiés depuis 1948, c'est à dire il y a 62 ans, dans le but de retourner dans leurs foyers. Ils peuvent attendre encore un peu plus, jusqu'à ce qu'Israël disparaisse dans les 20 ans à venir. Sinon, signer un traité de paix globale avec Israël signifierait pour les Palestiniens qu'ils ne seront jamais en mesure de retourner dans leurs foyers comme l'exige la résolution 194 de 1948. L'Histoire et la démographie sont du côté de la Palestine et des Palestiniens et contre Israël et les sionistes. Mais les Palestiniens doivent accorder à l'histoire et à la démographie un peu plus de temps afin de produire l'effondrement d'Israël et du sionisme en Palestine. Vingt ans n'est qu'un clin d'œil dans la longue histoire millénaire des Palestiniens, qui sont les vrais habitants autochtones de la Palestine. Dieu n'a aucune raison de dérober la Palestine aux Palestiniens pour la donner aux Juifs. A fortiori, l'Organisation des Nations Unies n'avait aucun droit de voler la Palestine aux Palestiniens pour la donner aux sionistes en 1947.
En attendant, les Palestiniens doivent maintenir la pression sur Israël, le sionisme et les sionistes en Palestine. Les Palestiniens ont parfaitement le droit, en vertu du droit international, de résister à un régime d'occupation illégal, colonial, génocidaire, criminel, militaire, de leurs terres, de leurs maisons et de leur peuple, qui remonte à 1948, pour autant que cette résistance se fasse d'une manière compatible avec les exigences du droit international humanitaire. En même temps, les Palestiniens doivent continuer à bâtir leur Etat à partir de zéro, comme ils l'ont fait avec succès depuis la première Intifada qui a commencé en 1987, avec un leadership unifié.
Au niveau international, les Palestiniens doivent poursuivre leur offensive diplomatique, politique et juridique contre Israël. La Palestine a gagné beaucoup de terrain depuis le 15 Novembre 1988, lorsque le CNP a proclamé l'Etat indépendant de Palestine. La Palestine continuera à gagner davantage de soutien international au cours des deux prochaines décennies, y compris avec l'accélération de la campagne BDS, qui va délégitimer Israël et le sionisme dans le monde entier. Dans le même temps, Israël continuera sa chute rapide vers le statut d'État paria, à l'instar de la Yougoslavie génocidaire qui s'est effondré en tant qu'Etat et qui a disparu. Israël connaîtra le même sort que la Yougoslavie génocidaire à condition que les Palestiniens ne signent aucun type d'accord international de paix avec l'Etat sioniste.
Quand Israël s'effondrera, la plupart des Sionistes auront déjà quitté ou quitteront bientôt vers d'autres États à travers le monde. Les Palestiniens seront alors en mesure de réclamer la totalité du Mandat de la Palestine historique comme leur État, y compris toute la ville de Jérusalem comme capitale. La Palestine pourra alors inviter l'ensemble de ses réfugiés à retourner dans leurs foyers, conformément à la Résolution 194. Certains Juifs resteront en Palestine volontairement ou involontairement. La Palestine et les Palestiniens traiteront équitablement les Juifs qui restent. La Palestine et les Palestiniens ne feront pas aux Juifs ce qu'Israël, le sionisme et les sionistes ont fait aux Palestiniens.
Les Palestiniens ne doivent rien signer et laisser Israël s'effondrer !
Post-Scriptum :
Francis Anthony Boyle est Professeur de Droit International à l'Université de l'Illinois, College of Law. Il a obtenu un J.D. degré Magna Cum Laude, AM et PhD en Sciences Politiques de l'Université Harvard. Membre du Conseil d'Amnesty International USA, il a joué un rôle dans l'établissement de l'acte d'accusation contre Slobodan Milosevic pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre en Bosnie-Herzégovine.
*Traduction au français Anis Balafrej*